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Boues et brumes

Bouvante le Haut, Bouvante le Bas. Les Bouvantes, l’épouvante. Il a plu toute la nuit et, sur le plateau, les rivières souterraines remontent, résurgent, et dégueulent de toutes leurs dolines. Les eaux troubles de la Lyonne rugissent sous le sentier et le pied hésite sur la glaise. Une imprécision sur le topo peut-être, un moment de distraction sans doute, et c’est l’errance ! Notre prétendue piste se perd entre barres rocheuses et cataractes : on insiste, on veut passer quand même, les GPS rassurent et mentent, forcément. Finalement, demi-tour à quatre pattes sur les strates marneuses : la raison nous oblige à revenir sur nos pas. Repentirs en silence. Rejoindre piteux la dernière balise, et retrouver l’évident itinéraire, trempés, boueux et un peu lamentables. Galère. Nous en avons tant parcouru ensemble, en toutes saisons, des chemins du monde, des neiges des Rocheuses à l’automne du Kamchatka, que s’être fait rouler ici impose le silence ! La pluie se calme, enfin et, dans la forêt s’ouvre le sac à brumes. Interminable montée en noir et blanc entre alpages vides, clairières opaques et bois noirs en lisière desquels, à chaque instant pourraient apparaître les anges de Wim Wenders. Foncer par la forêt vers la cistercienne Léoncel, traverser les rideaux de grêles et de pluies mêlées, patauger en silence dans la fange, pour enfin retrouver la route salvatrice qui nous conduit à La Vacherie.

Une Vacherie, cette journée. Il fera meilleur demain.

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