Enfin !
Enfin de retour sur les chemins après toutes ces années de tourmente. Mon idée saugrenue, indispensable, qui s’est imposée depuis plusieurs semaines, c’est cette fois de marcher du Puy en Velay à Valence, en traversant la Haute-Loire et l’Ardèche, par un itinéraire solitaire et joyeux, associant la rêverie, les plaisirs botaniques et ceux de l’écriture. Ce sont des contrées que je connais peu, et qui me « font de l’œil » depuis longtemps.
Hélène, ma très sympathique pilote en covoiturage, me dépose en sortie du Puy en Velay, ce qui m’évitera le plaisir subtil de traverser à pied les zones commerciales Conforamo-Burgerisées. Je plonge au plus vite, comme un voleur, vers le fond des bois. Au loin, par instants, le Mont Mézenc, comme un fanal, un appel. Demain, si tout va bien.
Peu à peu, la scansion des pas revient, comme une chanson presque oubliée dont on retrouve les paroles. Pas mal -hélas ! - de bitume, mais aussi de très vieux chemins tapés de pierre noire, celle du feu des volcans. Des chemins qui me font comme une fête, la même que les arbres à la petite chèvre qui s’était enfuie dans la montagne. Je suis là, enfin. Cinq heures de retrouvailles. Au passage, je caresse en souriant la prétention des fleurs de scabieuses et les géométriques plumes des salsifis sauvages, je salue dans un tournant un frêne admirable, puis je traverse la Loire en son enfance, et je fonce jusqu’au bourg de Monastier-sur-Gazeilles, ma halte pour la nuit. Enfin, enfin, j’ai retrouvé le chemin.
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