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l'AULAGNIER ET LE RHABDOMANCIEN

Ô, cher public choisi, Ô académiciens,

Vous qui êtes savants, connaissez l’ » aulagnier »,

Vous êtes spécialistes, je ne vous apprends rien ?

C’est l’arbre magicien qu’on appelle coudrier !

Non ? Toujours pas ? Cet ancien nom ne vous dit rien ?

Allez ! Un petit effort ! C’est le noisetier !

Mais si vous m’interrompez déjà, pas d’histoires !

Le Chemineau les remettra dans son tiroir !


Bon, voilà : Un rhabdomancien un peu fêlé,

- Quoi, vous ignorez aussi cette sémantique ?

Mais c’est le vrai nom que l’on donne aux sourciers ! -

Je reprends, donc : un rhabdomancien névrotique

Pour son malheur trouvait qu’il n’avait pas assez.

C’était sa faute : il est vrai qu’il jouait en Bourse.

De plus, sa baguette avait parfois des ratés :

Elle refusait souvent de citer ses sources.


Après avoir consulté de vieux manuscrits,

Il avait appris que pour trouver des trésors,

Existait un moyen couramment interdit :

Il faut trouver un arbre poussant sur le bord

De la margelle d’un pont, romain de préférence,

Puis d’y couper une branche de forme coudée.

Les Dieux des Latins apporteraient l’opulence !

Le grimoire le disait, c’était comme certifié,

Si toutefois on laissait au mitan du pont,

Un vrai louis d’or, c’était l’unique condition.


Il prend son Opinel, et le voilà est parti

Dans l’étroite vallée vers Saint Christophe sur Guiers.

- Il faut prononcer « Guié » c’est comme-ça que l’on dit,

Sinon ma rime tombe, et je suis dépité ! -

Mais durant le chemin il se gratte la tête,

Pense qu’on ne peut préjuger de l’expertise

Que pour le gage, on peut jouer de la bobinette,

Et pour la pièce d’or, il peut y avoir méprise !


Il arrive, avance sur l’antique passerelle,

Découvre l’arbrisseau, et dépose la pièce.

Elle est en chocolat, le centre en caramel !

Il suppose qu’avant qu’elle parte au tiroir-caisse,

Il aura le loisir de trancher son affaire !

Mais à ce moment-là, les vieilles pierres tremblent.

Il s’écrie : « Mon Dieu ! Les elfes m’ont démasqué,

C’est le châtiment, je suis damné, il me semble !

Je sens monter l’angoisse, le pont va s’écrouler ! »,

Comme un puissant séisme, qui monte dans sa tête.

Boum ! Comme un coup de tonnerre, il a éternué !


Il était allergique, et les fleurs de noisette

L’avaient couvert de pollen, c’était mérité !

Les yeux aux oubliettes, la goule enfarinée,

Il se sauve hoquetant, jurant de ne plus croire

Tout ce qui est écrit dans les vieux grimoires.


Morale :

Gardez-vous mes amis, de vouloir filouter :

A trop jouer la canaille, on peut se faire moucher !



Le noisetier, Corylus L.

A Saint Christophe la Grotte (73) le 17 février 2021

© Texte et photos : Yves YGER, février 2021



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