L'ERYTHRONE ET LES GENDARMES
Je suis l’inspecteur des saisons :
Je vérifie les floraisons.
Si la jonquille est en retard
Sans une excuse de ses parents,
Je lui dis : « ça va, les bobards
Vous n’avez pas vu le printemps ? »
Mais cette année, où ai-je l’esprit ?
J’ai complètement oublié
-Honte à moi !- d’aller vérifier
Si l’érythrone a bien fleuri !
La dent-de-chien, c’est mon amie !
Mais en temps de confinement,
Dès aujourd’hui, c’est interdit
D’aller visiter simplement
Ses camarades dans les bois.
Donc j’ai mis des lunettes noires,
Un grand chapeau et un foulard,
Et par les chemins malgré tout,
Je suis parti au rendez-vous.
Dans ma poche la dérogation,
Avec le motif adéquat,
Prétextant la convocation
Par l’organisme compétent :
C’est l’assistance à ma personne
Qui est en jeu, monsieur l’Agent !
Des herbes, je suis le Chemineau,
Veiller les fleurs, -ça vous étonne ?-
C’est ma passion, c’est mon boulot !
Certains vont prier dans les églises,
C’est un motif autorisé.
Moi, voyez-vous, je botanise.
Je vous prie, laissez-moi passer !
Comme on fait confiance aux séniors,
Avec un œuf en chocolat,
J’ai corrompu les bons pandores.
Les choses en seraient restées là
Mais ils ont voulu tout savoir
Sur cette fleur devenue rare.
« - La Dent-de-Chien nous intéresse
Car la brigade cynophile,
C’est préférable aux CRS »
M’annonça le garde mobile.
Ce n’est pas parce qu’on est un flic
Qu’on ne peut faire de botanique :
Jamais aucune épidémie,
Ni la peste, ni le choléra,
Dans l’histoire n’avait permis
De transformer de bons soldats
En amateurs des liliacées,
Surtout si elles sont protégées !
L’érythrone, Erythronium dens-canis L., à ONTEX (73) le 3 avril 2021
© Texte et Photos Yves YGER, Mars 2021
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