LA BARQUE ET LE SAULE
Où sont passés les amoureux
Qui sur cette rive accostèrent ?
Était-ce la fin des jours heureux
Ou l’embarquement pour Cythère ?
S’ils débarquèrent près d’un saule,
C’est que leur peine était bien grande :
Cet arbre est celui qui console
Des grands tourments, dit la légende.
Était-il prince, était-elle gueuse,
Lui magicien, elle danseuse ?
Là, je m’égare, je n’en sais rien
Peut-être étaient-ils pêcheurs
A la recherche du meilleur coin
Pour déployer cannes et leurres ?
Il paraît que dans cet étang
Les anguilles et ablettes
Amusent les épuisettes.
Non, j’y pense, c’est Cupidon
Qui les poussa sur ce rivage.
Lui c’est Enée, elle Didon,
La belle Reine de Carthage,
Et il en veut à son croupion
Pour un héros, c’est un sauvage
Ah quel coquin, ce personnage !
Vint à trembler la roselière,
J’eus solution à mon affaire :
Une bonne sœur à cornette,
L’air décidé, cisaille en tête,
Allait couper quelques arums
Pour décorer l’antependium.
S’il est un dieu des mécréants,
Ceux aux idées derrière la tête
Qu’il me pardonne, j’allais rêvant,
A mes toquades de poète.
Le Saule, Salix sp, Jardin du Pellinec, PENVENAN (22) ,Mai 2021
© Texte et photos : Yves Yger, Juillet 2021
Toute reproduction à but commercial interdite
Ecrit dans le train, entre Lannion et Chambéry, en souvenir précieux des arbres du jardin du Pellinec
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