LE BANC GRIS
Sur le banc gris, près du fuchsia,
Il y a des amours qui attendent
Les providences en contrebande.
On est trop jeunes, on n’ose pas.
On se tortille, on est timides
Pour dire les mots qui font du bien.
On se promet, c’est pour demain,
Mais on méprise la clepsydre.
Puis les ans passent, et c’est tempête :
On se croit jour, on n’est que nuit
Dans les mensonges de la vie
Qu’on nous fait croire qu’elle est conquête.
Matelot, tu as perdu les cartes
Et la mer a bousculé ta barque.
Où es-tu, amour d’autrefois
Mon ancre, ma balise, ton éclat ?
Je me souviens de ce fuchsia.
On s’amusait de ces fleurs-là,
Comme les ballerines à l’opéra,
Faisaient des pointes, des entrechats.
Ah, qu’ils sont loin, tous ces temps-là !
Maintenant seul, sur le banc gris,
Je ne peux croire le feu parti,
Ô ma danseuse, mon petit rat !
Le Fuchsia, Fuchsia sp., à Beg Léguer, LANNION (22), le 1er Août 2021
© texte et photos Yves YGER, Août 2021
Toute reproduction à but commercial interdite
Comments