LE CHATEAU DES PROCRASTINATIONS
J’ai rêvé d’un château tout au milieu des arbres, une furtive demeure que seules savent les Dryades, et que le promeneur, s’il a les pieds sur terre, évidemment ne peut connaître. Si vous voulez le voir, il faudra m'écouter. Avec une plume de paon blanc, trempée dans l’encre de la galle du chêne, je vous inventerai l’histoire d’un Fèvre-coutelier, qui façonnait les lames des meilleurs outils d’Auvergne. Parce qu’on lui en avait passé commande au château, durant des jours, des nuits encore, il forgea une lame tellement fine, tellement affutée, et incrustée de vermeil, pour l’offrir à la belle Acélie : Il était amoureux. Mais jamais le travail ne finissait. La noble Dame était devenue veuve à la mort du seigneur de Vaulx, lors d’une chasse tragique. « J’irai la voir demain, c’est entendu », pensait-il chaque jour. Et les jours passaient, passaient. « Vous arrivez bien tard, et ce manche en d’ébène est d’un banal ! » dédaigna la belle. Elle était méprisante. Dépité, notre bonhomme s’en retourna au moulin, et jeta dans le bief le chef d’œuvre renié, et quitta le pays. C’est un coutelier faiseur de manches, qui œuvrait en aval, qui découvrit la dague. « Ah ça ! pour une dague pareille, il faut manche d’ivoire, serti de damasquin ! « , se dit-il. Après moult travail, en une nuit, il acheva l’objet, se rendit au château pour le proposer. Et depuis, il est seigneur de Vaulx.
Comme quoi, écoutez Montaigne : “Tout ce qui peut être fait un autre jour, le peut être aujourd'hui.”
Arrivée à Thiers, pays de couteliers. En bas, la plaine de Clermont. Au loin le Puy de Dôme. Demain, les chemins seront plats, mais l’étape sera longue. (On dirait du Raffarin!) (Le Château de Vaulx, en Sainte Agathe- 63)
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