LE MEUNIER ET LE CHATAIGNIER
Un riche meunier se croyait en Cocagne.
C’était sur un vieux mont, aux portes de Bretagne.
Sans cesse il broyait, moulinait les grains de blé
Car de picaillons, il n’avait jamais assez.
« - Hélas ! disait-il, moi je n’ai qu’un seul moulin
Pour être encore plus riche, il m’en faudrait plus d’un ! »
De la carrière proche, il fit venir des pierres
Acheta du mortier et tout le nécessaire,
Et d’une autre bâtisse il fit monter les murs.
Mais enfin quand il en fut à la couverture
Il n’avait plus d’argent pour acheter les tuiles.
« - Qu’importe, ce châtaignier, tout près, est inutile.
Il fait de l’ombre, je vais le scier, se dit-il. »
Avec ses planches, je taillerai de courts bardeaux
Et les crocherai sur la volige tout en haut.
C’est ce qu’il fit, les ailes du nouveau moulin
A peine furent installées : on attendait le grain.
Le lendemain, se produisit une tempête
Qui des deux moulins arracha les deux têtes.
Le meunier avait simplement oublié
Qu’il était coupe-vent, le défunt châtaignier.
Ami, plutôt que trop vite vouloir gagner de l’argent
Regarde bien tes arbres, écoute bien le vent !
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