LE NOISETIER DE CYRANO
Vous aimez le théâtre, appréciez Cyrano ? Le poète dont Rostand fit un sublime héros ? Alors vous connaissez la scène du balcon, Celle où dont Christian il contrefait bien le ton ! Lui qui si souvent est plus que téméraire, Amoureux en secret de Roxane, il préfère Souffler les tendres mots au Cadet de Gascogne, Et à son secret amour mentir sans vergogne.
Souvent, en guise de décor, les scénographes Font grimper un rosier sur la muraille en staff Que Christian escalade, en soupirant transi. Et bien, je prétends qu’il y a là duperie : En effet, le galant jamais ne fut griffé ! Oublions le rosier : c’était un noisetier. A vous, grands amoureux, je vais le démontrer.
Un jour, dans un village, lors d’une randonnée, -Etait-ce à Bergerac ou à Casteljaloux ?- Longtemps j’avais cherché mon chemin, je l’avoue, Pour passer sous le balcon de la chère cousine. Hélas ! Le bâtiment n’était plus qu’une ruine.
Je m’approchais. Travaillaient là des bûcherons, Des jardiniers, des arboristes, des scieurs de long, Qui labouraient, qui arrachaient, qui tronçonnaient Les baliveaux, les arbres morts, et les futaies
Enfin ! Je m’assis sur le tronc d’un noisetier, Un arbre sur le mur autrefois accroché. Au centre de la grume, un signe était gravé. C’était comme un indice : j’étais bien arrivé : Le cœur de Roxane a marqué le duramen, Comme furtive balise d’un impossible hymen.
C’est au milieu de l'arbre qu’est caché le mystère : Je pouvais m’arrêter, j’avais tout découvert ! Demain, je serai Cyrano, et toi tu seras celle, Celle que je veux aimer d’amour universel.
Le noisetier, Corylus avellana L. Aux Echelles (73) le 5 février 2021 Photo de la coupe de noisetier : Anne BOURDAUD
© Yves YGER, février 2021
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