OPHELIE
Des arbres, j’aime prononcer les noms :
Je dis « Aulne », mes lèvres en rond,
« Glutineux » : c’est à peine mieux !
Je dis « Saule », elles avancent un peu
Je dis « Chêne », elles restent en l’air
Que le nom est ordinaire
Pour un être si fabuleux !
Si je murmure « Châtaignier »,
Alors je commence par miauler,
Et je finis dans le fauteuil
Bien confortable qui m’accueille.
Si je placote du Peuplier
Sans porter mon masque FFP,
Je risque de contaminer
Tous mes amis dans l’assemblée !
Je m’écrie : « Charme » ! l’air ébahi
Comme si ce nom n’est pas fini.
Sitôt je parle du Noisetier,
Je fais grimace minuscule.
Car s’il débute en cul-de-poule,
Son nom finit léger, léger.
Alors je cause du Cerisier.
Cela fait rire en le disant,
Peut être à cause des enfants
Qui deviennent riches à pleins paniers
Quand ils grimpent dans sa ramée.
Mais si je parle du Mélèze,
Alors je m’envole et je plane :
Sur mon discours, plus rien ne pèse
Comme sur une place de Toscane,
On boit du vin, un soir d’été,
Sous les tilleuls, les oliviers,
Où je t’attends, belle Ophélie,
Pour oublier l’orthophonie.
L’Aulne glutineux, Alnus glutinosa
Le Saule, Salix sp.
Parc du « Char à bancs », PLELO (22), le 27 juillet 2021
© Texte et Photo Yves YGER, Juillet 2021
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