PERCE-PIERRE ET QUEUE-DE-LIEVRE
On vit vraiment une drôle d’époque
Quand même les plantes s’invectivent
Aux pieds des dunes et sur les rives.
- « A vous le sable, à moi le roc ! »
Ainsi riait une perce-pierre,
Une orgueilleuse, une trop fière,
A sa voisine Queue-de-lièvre.
- « Alors, ça va bien, sur la grève ?
Votre petit bonnet à poils,
Très minuscule garde royal,
Vous protège-t-il des grands vents ?
Voyez comme je résiste bien
Aux tempêtes et aux ouragans !
Avec votre plumet de rien,
Votre houppette de frou-frou,
De cocotte vous avez l’allure !
- Est-ce que tu montes, dame Bagure ?-
Laissez-moi rire, sur mon caillou,
Enracinée dans le granit
Car je suis hermaphrodite !
Et vos clins d’œil de mijaurée,
A moi, qui suis Criste-marine,
Du fenouil, la lointaine cousine,
Ne me font pas beaucoup d’effet.
J’aime l’embrun, j’aime le sel,
Et les écumes qui s’envolent.
Gros-minet, seriez-vous muette,
Ou seulement un bouquet sec ? »
La pomponnette garde silence
Et puis, à un moment elle dit :
- « Les jours de vent, les jours de pluie
Sais-tu, voisine, que je danse ?
Alors que toi, belle coincée,
Malgré ton parfum anisé
Qu’on peut trouver un peu vulgaire,
Et ton maintien de légionnaire,
Ton avenir est au vinaigre,
Dans le bocal aux cornichons ! »
Qu’on soit voisins, qu’on soit collègues
De toutes races ou religions,
Noirs, blancs, rousses ou blondes,
Il faut de tout pour faire un monde.
Certains s’enterrent, d’autres voyagent,
La valse, aux uns, est nécessaire,
Aux autres, un piquet au derrière !
Je fais partie de ces derniers.
J’aimerais tant savoir danser
Que rester seul, sur mon rocher,
C’est inutile de vous moquer !
La Criste-marine, Chritmum maritimum
Le Lagure ovale, Lagurus ovatus
Sur l’Ile-Grande, en PLEUMEUR-BODOU (22) le 16 août 2021
© texte et photos Yves YGER, Août 2021
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